Saturday 28 August 2010

Quelle est cette chanson inquiétante pour laquelle l'Ile Maurice s'est passionnée ?

Notre humble contribution à ce débat.

Zing Zing est une petite poésie chantée. Elle se classe aussi facilement dans la catégorie comptine et comme toutes les comptines, elle fait part à une grande naïveté avec des paroles d'une simplicité désarmante. Paroles qui chatouillent les oreilles et provoquent le rire.
Vwala mo p'ti martin
va gout mo ti rotin
mo ris mo ti rotin
mo pik dan so tonkin

Il s’agit d’un texte court, vite retenu, et même si les comptines n’ont en général pas de signification rationnelle, Zing zing a su cor-ordonner admirablement une histoire tout en jonglant avec les mots et les sons, une sorte de ritournelle qui procure une jubilation intense dans cet apprentissage linguistique qui est aussi une école de la relation. Abaim puise dans le bassin langagier et culturel pour aller à l'essentiel. La langue kreol, langue maternelle des Mauriciens, chante à travers les mots utilisés. La structure est faite de cellules rythmiques simples:
Zing Zing mo kouzinn
Zing Zing mo kouzinn
Zing Zing mo kouzinn
Zing Zing
Vyun Vyun mo kouzin
Vyun Vyun mo kouzin
Vyun Vyun mo kouzin
Vyun Vyun

Chaque syllabe joue un rôle important pour accentuer la mélodie et l’esprit de la chansonnette…
Bomatin, martin, rotin, ditin, dankwin, et 'l’insuportable, l'indecent' « tonkin ».
Mais bien plus que cela, une comptine a une signification uniquement lorsqu'elle est prise dans son ensemble. Un mot ou une phrase ou même une strophe cité en isolation peut donner lieu à des interprétation des plus farfelues, voir dangereuses. Certaines personnes se sont efforcées malheureusement à ne faire que cela.
D'autre part, il est évident que certains mots ne sont pas appropriés sous certains registres. Abaim en est conscient et les précautions sont prises à cet égard. Nous maintenons toutefois que le mot « tonkin » est tout ce qu'il y a d'innocent, à la limite taquin et joyeux dans la langue kreol, surtout dans le registre enfantin.
Inventivité et loufoquerie
A t-on jamais vu un martin attendre tranquillement qu'on lui 'pik so tonkin' ?
Le décor est deja planté pour donner libre cours à l'imaginaire de l'enfant.
La musique est élémentaire ( deux accords ), très souvent communes à d’autre comptines telle que
Zann gayn malad ledan
So mari pik so ledan
mouswar foular dan so likou
bag dyama dan so ledwa...
D'autre part, la relation entre les sonorités de la langue et les concepts font valser les sons acoustiques.
Comme toutes les comptines, Zing Zing est dans un esprit résolument ancré dans le monde de l'enfance. L'oiseau, voleur de thym, le martin, sera puni par un coup de rotin(Traduction de « gout mo ti rotin, » et 'pik dan so tonkin').
Sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.
A l'instar d’autres comptines, Zing Zing a des auteurs anonymes. Elles sont transmises à travers la tradition orale, comme se sont légués les dictons, les proverbes, les sirandanes, les vieilles chansons , les contes ou les légendes.
Nos comptines sont à risques et sont en danger de disparition et avec elles toute la richesse de notre héritage commun. Collectée, puis retravaillée par ABAIM, Zing Zing fait partie de notre héritage culturelle. Et comme le préconise l'Unesco en 2003 - « pour rester vivant, le patrimoine culturel immatériel doit être pertinent pour sa communauté, recré en permanence et transmis d’une génération à l’autre ». Le risque existe que certains éléments du patrimoine culturel immatériel puissent mourir ou disparaître faute d’aide, mais sauvegarder ne signifie pas pour autant fixer ou figer le patrimoine culturel immatériel sous quelque forme « pure » ou « originelle »... A ce titre, la réaction suivante
dans la presse durant la semaine écoulée est des plus pertinentes..
'le mot "tonkin " allait disparaître. Abaim l'a ressuscité. '

2 comments:

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