Wednesday 26 August 2009

Abaim offre 31 « parfums » de notre mémoire musicale

Nous avons le plaisir de reproduire ci-dessous un article paru dans
l'Express du Dimanche 29 Mars 2009 .

Bonne lecture.

«Ré- Kréasyon »d'Abaim nous propose un voyage au coeur de notre mémoire musicale et folklorique. 31 ségas revalorisés qui nous démontrent la richesse innestimable de notre patrimoine oral. Disponible désormais, dans nos librairies et points de vente de disques compacts, un véritable trésor musical et patrimonial, une source de ravissement.
Il sagit dun livret dune centaine de pages, illustré par Laval Ng, imprimé par Précigraph, comprenant deux disques compacts, nous permettant de réentendre 31 ségas, ayant déjà bercé notre enfance.Les auteurs- promoteurs en sont le groupe musical Abaim. Nul besoin de le présenter car son succès indélébile, « Ti- Marmite » dit, mieux que tout, le bien que nous pensons de lui. Il récidive, aujourdhui, avec encore plus de bonheur, tant sont réussis le livret, les disques compacts et leur contenu, à valeur historique, pédagogique, sociologique.

Abaim, la chanteuse Marousia en tête, a la bonne idée de traduire en français et en anglais les textes en créole . La traduction est si habilement faite, que francophones et anglophones peuvent, sils le désirent, chanter nos ségas. Mettre le livret « Ré- Kréasyon » dAbaim à la disposition de nos enfants, c'est leur permettre de se réconcilier avec notre identité plurielle mais aussi commune et définitivement enrichissante.Le livret « Ré- Kréasyon » dAbaim revalorise notre séga, en lui restituant des paroles inspirées, intelligentes, anecdotiques, moralisatrices, nous consolant des « ti- la- la, ti- la- la » litaniques du séga « lève zipe » .
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Au frontispice de son chef- doeuvre, Abaim nous dit sa fierté de pouvoir ajouter un autre joyau à son désir de partager la richesse de notre folklore musical.Pour reprendre un vocabulaire propre au rugby, disons que ce nouvel essai de valorisation de notre séga unificateur devient un trésor musical.

Nos remerciements vont aux mécènes finançant cette initiative : le groupe sucrier Médine et la Banque Commerciale dEtat. Ils aident Abaim à nous aider à reprendre possession dun héritage qui nous appartient. Ne le faisons toutefois pas du bout des doigts et des lèvres comme fait notre gouvernement à propos de Tromelin et des Chagos. Reprenons possession de notre héritage musical avec toute l'énergie dont nous sommes capables. En écoutant les 31 ségas revalorisés par Abaim, nous prouvons à nous- mêmes que nous sommes intelligents pour savourer un patrimoine musical heureusement retrouvé. Haro donc à notre système éducatif incapable d'enseigner, à lécole, le séga comme notre patrimoine tous azimuts.« Notre séga a toujours raison »Mettons- nous en quête de ce dernier .

Que ce patrimoine auquel nous avons droit, avant même notre naissance, ne soit pas un bébé délaissé quune mère dénaturée. Le vol de notre patrimoine, voilà le danger qui nous menace si nous ne savons pas le sauvegarder. Montons surtout la garde pour empêcher toute prostitution de notre séga. Nos visiteurs étrangers ont raison : notre île Maurice demeure un paradis, pouvant transcender nos misères personnelles. Notre folklore musical, notre séga, virevolte aux quatre coins du pays. Grâce à Abaim, nous comprenons pourquoi dautres peuples nous l'envient. Notre séga a toujours raison : tout patrimoine perdu a toujours un goût, ou plutôt une amertume Nous devons réapprendre à nous contenter de l'essentiel, de savoir vivre dans « ène pti lacase » , dormir sur une natte malgache, se contenter d'une calebasse mais pleine darack pour le « banané » . Faisons donc échec aux abus de la société de consommation envahissante. Copeaux de bois ou bobonne de gaz importe peu. L'important cest que le séga nous réchauffe le coeur à jamais . Voilà quelques traits de sagesse typiquement mauricienne que nous pouvons acquérir à lécoute des 31 ségas chantés par Abaim, 31 parfums de notre mémoire musicale.

Ce groupe est fier de la « goutte deau » quil apporte, dit- il, à « l'océan » de notre patrimoine. Nous lui disons ceci : il y a des gouttes d'eau qui ressemblent aux perles les plus fines.

« Ré- Kréasyon » d'Abaim est le diamant perdu et que son propriétaire retrouve avec une joie évangélique.

Abaim donne une leçon de savoir faire à tous ceux qui, à Maurice, possèdent le pouvoir mais sans savoir quoi faire.

Yvan Martial

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